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profonde et surhumaine. Du moment que, pour se renouveler, la théosophie prétendait se rattacher par un lien de filiation directe aux enseignements des Upaniṣad et des Sûtra bouddhiques, l’Inde devait nécessairement recevoir quelques éclaboussures de la défaveur railleuse qu’encouraient à juste titre les étranges doctrines prêchées par Mmes Blavatsky et Besant.

Aussi n’est-ce pas sans hésitation que je me suis arrêté au titre que j’ai donné à cet ouvrage. Il semble, en effet, légitimer les prétentions de nos théosophes occidentaux, et, par conséquent, pourrait exposer à de fâcheuses promiscuités les doctrines dont j’entreprends de faire l’histoire. Je n’ai pu cependant me résoudre à chercher pour elles une étiquette moins compromettante. Le mot de théosophie me parait, en effet, convenir fort bien à cet ensemble de théories et d’espérances qui sont inspirées surtout par la préoccupation de l’au-delà, et qui, sans être proprement philosophiques ni religieuses, tiennent cependant et de la religion et de la philosophie. Or, c’est là précisément le caractère des idées qui ont pour une large part déterminé le développement de la pensée hindoue.

Il ressortira de mon exposé, je l’espère du moins, que le rapport de filiation que l’on voudrait établir entre les vieux dogmes de l’Inde brahmanique et bouddhique et certaines formes de l’occultisme, est beaucoup plus apparent que réel. Ce n’est pas de l’Inde, mais de la tradition antique, du judaïsme et de la renaissance que viennent, pour ce qu’elles ont d’essentiel, les conceptions théosophiques modernes. En quête d’autorités qui parussent décisives, ce que nos théosophes ont demandé à l’Inde, c’est la confirmation de théories qu’ils avaient déjà. Il est vrai qu’ils lui ont emprunté aussi une grande partie de leur nomenclature ; encore n’est-il pas sûr qu’ils emploient tou-