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a disparu. L’enceinte extérieure se réduit à un simple mur flanqué de pilastres dont les intervalles semblent autant de cellules.

Les bastis, comme les temples du Nord, contiennent l’image d’un Tîrthakara. Il n’en est plus de même des beṭṭus. On réserve ce nom à des enceintes sacrées enfermant la statue, non d’un Tîrthakara, mais d’un personnage spécial aux légendes méridionales, tel Gomateśvara. Ces statues sont de proportions colossales. Celles de Śravaṇa Beḷgoḷa, de Kârkaḷa et de Yêṇûr sont les plus connues.

Les Jaïns, comme les Bouddhistes et les autres sectes indoues en général, ont aussi creusé des temples souterrains. Ces grottes sont ornées d’images géantes de Tîrthakaras, taillées à même dans le roc. Les plus anciennes sont celles de Khaṇḍagiri, en Orissa ; les plus belles, celles de Gwalior et d’Elûra.


VIII

L’art jaïna charme les yeux et l’imagination par l’élégance et la beauté de ses monuments. Davantage encore les Jaïns imposent le respect et l’estime par les qualités morales dont ils font preuve dans la vie de chaque jour.

La plupart d’entre eux sont banquiers ou négociants. Ils apportent dans les transactions qu’ils accomplissent la plus scrupuleuse honnêteté. Cette probité ne les empêche point de parvenir à l’aisance, voire à la fortune. Aussi leur est-il loisible de doter richement leurs temples magnifiques, faits de marbre et de matières précieuses.

Ils constituent en quelque sorte entre eux une vaste famille dont les membres sont unis par les liens de la plus cordiale solidarité. Ils se rendent service les uns aux autres et se témoignent une effective sympathie. Chez eux la fraternité et la mutualité sont d’une pratique constante. Jamais un Jaïn pauvre ou sans influence ne s’adresse en