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La plus grande différence entre les Digambaras et les Śvetâmbaras consiste aujourd’hui dans le fait qu’ils ont les uns et les autres un canon spécial. Dans la pratique les Digambaras ne vont pas nus ; les adeptes d’ordre inférieur s’habillent à la façon de leurs compatriotes, et les moines se couvrent d’un drap, dit chadar, qu’ils enlèvent seulement pendant les repas. Au point de vue doctrinal enfin, les Śvetâmbaras se montrent moins sévères que Digambaras et admettent, par exemple, que les femmes sont aptes à la Délivrance finale au même titre que les hommes.

À l’époque présente, les Jaïns Śvetâmbaras sont partagés en quatre-vingt-quatre gacchas ou sectes, dont l’origine remonte au xe siècle. Alors vécut un grand prêtre appelé Uddyotana. Ses disciples furent nombreux et ils fondèrent les sectes en question. Parmi celles-ci quelques-unes sont très connues, comme l’Aṅcala gaccha et surtout les sectes Tapâ et Kharatara.

De leur côté les Digambaras comptent quatre sectes principales qui portent les noms de Nandi, Sarasvatî, Bhârati et Śyena.


Il était fatal qu’avec les siècles le Jaïnisme subit des modifications et perdit quelque peu de son austérité originelle. Cette transformation s’accomplit surtout sous l’influence des adeptes laïques. À ceux-ci la doctrine abstraite du Jaïnisme primitif ne pouvait donner complète satisfaction. Il leur fallait une religion qui parlât à leurs sens et à leur imagination. Le Brâhmanisme remplissait dans une large mesure cette condition. Le Jaïnisme comprit qu’il devait s’adapter aux âmes simples qu’il admettait dans son sein. Il fit une place au culte. Il construisit des temples dans lesquels il laissa pénétrer les idoles brâhmaniques. Des dieux comme Ajita, Brahmâ, Varuṇa, Kubera et Garuḍa furent adjoints aux Tîrthakaras à titre de compagnons ; et pareillement des