Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant le plus grand nombre de documents épigraphiques anciens relatifs aux Jaïns ont été mis à jour par les fouilles du Dr. Führer à Mathurâ. Ces inscriptions ont été interprétées par Buhler. Elles consistent pour la plupart en des ex-voto et s’échelonnent de l’an 5 à l’an 98 de l’ère indo-scythe, c’est-à-dire à peu près de l’an 83 à l’an 170 de l’ère chrétienne. Elles prouvent qu’à cette époque l’Église jaïna était florissante à Mathurâ. Elle comprenait des écoles (gaṇa) qui se subdivisaient à leur tour en lignes ou familles (kula) et celles-ci en branches (śâkhâ). Cette organisation ne pouvait être que le résultat d’un développement progressif. Aussi les Jaïns avaient-ils dû s’établir dans la contrée longtemps auparavant, au moins vers le iie siècle avant l’ère chrétienne.

Les inscriptions de Mathurâ n’ont d’ailleurs pas eu le seul avantage d’établir l’ancienneté du Jaïnisme. Elles ont aussi montré l’exactitude des renseignements historiques contenus dans les livres sacrés, et par là même permis le contrôle de la tradition jaïna, à l’égard de laquelle on a fait preuve d’un scepticisme trop durable et trop marqué.

L’événement le plus considérable de cette tradition consiste dans la scission entre les Digambaras et les Śvetâmbaras.

Environ deux siècles après la mort de Mahâvîra, vers 360 avant l’ère chrétienne, le pays de Magadha eut à souffrir d’une violente famine qui dura douze ans. La communauté jaïna était encore indivise et le patriarche Bhadrabâhu en était le chef. Pressé par la nécessité, il rassembla une partie des fidèles et avec eux émigra vers le sud de l’Inde, dans le pays Canara. Sthûlabhadra prit la direction des adeptes demeurés en Magadha.

À l’origine, la doctrine était contenue dans quatorze Pûrvas et onze Aṅgas. Mais à l’époque qui nous occupe, une partie considérable des Pûrvas était déjà perdue, de sorte qu’une codification des livres sacrés paraissait néces-