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du parfait Délivré ». Les Jaïns se montraient en vérité moins discrets et moins réservés. C’est l’apôtre Sudharman qui, d’après l’Uttarâdhyayana sûtra, fit à Keśin, disciple de Pârśva, cette belle réponse : « Le Nirvâṇa,… c’est la place sûre, heureuse et paisible qu’atteignent les grands sages. »


Le Jaïnisme et le Bouddhisme peuvent donc se ressembler : ces analogies s’expliquent par les circonstances et les conditions dans lesquelles ils prirent naissance. Mais ils diffèrent sur trop de points, et sur les plus essentiels, pour qu’on puisse considérer le premier comme dérivant du second. Le Jaïnisme a de commun avec le Bouddhisme ce qu’ils doivent l’un et l’autre au Brâhmanisme. En dehors de ces éléments, il a le droit de revendiquer l’indépendance et l’originalité.


VI

L’histoire du Jaïnisme n’est jusqu’ici connue que d’une façon partielle et fragmentaire.

Les plus anciens documents authentiques où il soit question des Jaïns sont les inscriptions d’Asoka. Ce grand empereur vécut vers 250 av. J.-C. Dans son septième édit sur piliers, découvert à Delhi, il recommande à ses sujets, à côté des Bouddhistes (le Saṅgha), les Âjîvikas et les Nirgranthas. Les Nirgranthas sont les Jaïns. Donc, à cette époque reculée, ceux-ci constituaient déjà un ordre assez important pour qu’Asoka les désignât spécialement, au lieu de les envelopper dans la foule anonyme des sectes secondaires.

Un siècle environ plus tard, ils sont mentionnés dans une autre inscription trouvée près de Cuttack, dans les rochers de Khaṇḍagiri. C’est une inscription de Khâravela, roi d’Orissa. Elle est datée de l’an 165 de l’ère Maurya, qui correspond à l’an 156 av. J.-C.