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2. Les Jaïns et les Bouddhistes adorent leurs prophètes au même titre que des dieux, leur érigent des statues et leur rendent un culte.

Ce culte est le résultat du développement historique des deux religions. Au début, les fidèles de l’une et l’autre église se contentaient d’un hommage au Buddha, à Mahâvîra et à leurs prédécesseurs. Ensuite aux ordres monastiques se joignirent des adeptes laïques accoutumés aux dieux brâhmaniques comme aux fêtes et aux cérémonies célébrées en leur honneur. En changeant de religion, ces adeptes n’abandonnèrent pas les usages auxquels ils étaient habitués, et de la sorte ils introduisirent dans le Bouddhisme et le Jaïnisme l’espèce d’idolâtrie qu’on y constate aujourd’hui.

3. La morale jaïna est analogue à la morale bouddhique par le fameux précepte de l’ahṃsâ, qui impose le respect de tout être vivant.

Sur ce point les Jaïns se sont montrés plus rigoureux que les Bouddhistes. En outre, les uns et les autres ont emprunté cette prescription morale à la religion brâhmanique.

4. Enfin le temps se compte par périodes énormes aussi bien chez les Jaïns que chez les Bouddhistes. N’est-ce pas la preuve, concluait Lassen, que les premiers ont copié les seconds ?

Ici encore les uns et les autres suivirent l’exemple fourni par le Brâhmanisme. De plus les deux doctrines sont tout à fait différentes dans le détail. Nous savons en effet que les Jaïns partagent le temps en deux cycles, l’utsarpiṇî et l’avasarpiṇî. Or ceci ne rappelle en rien les quatre grands kalpas, ou âges du monde, et les huit petits kalpas des Bouddhistes.


Weber[1], de son côté, accordait au Bouddhisme la priorité sur le Jaïnisme en se fondant sur le nombre considérable de

  1. A. Weber, Ouvrages divers, et surtout Ueber das Çatruñjaya Mâhâtmyam, 1858, Introduction.