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vîra en faisant de Gosâla un de ses disciples. Mais la tradition bouddhique n’est-elle pas dans l’erreur en laissant supposer que les Âjîvikas se confondaient avec les Acelakas ? Il est difficile de se prononcer. Les sectes contemporaines du Buddha et de Mahâvîra furent-elles aussi nombreuses que leurs noms sont divers, ou bien n’en est-il pas d’identiques sous des appellations variées ? L’enquête qui doit répondre à cette question est à peine commencée.


IV

La doctrine jaïna, comme celle des Bouddhistes, comprend trois « joyaux » (tri-ratna) : la vraie foi, la vraie connaissance et la vraie conduite.

La foi. — Le Jaïnisme est une religion athée. Un Jaïn ne croit pas à un dieu suprême et personnel. Il accorde sa foi à un Jina. Le Jina seul a trouvé et réalisé la voie de la Délivrance. C’est en lui qu’il faut chercher refuge et salut.

Qu’est-ce donc qu’un Jina ? À l’origine ce fut un homme en proie comme les autres aux misères et à la douleur de ce monde. Mais de ses propres efforts, par sa volonté constante, il s’est affranchi des liens du karman ; il a découvert et enseigné le chemin de l’émancipation.

Tel fut Mahâvîra. Mais il ne fut pas le seul Jina. Chaque région du monde en compte soixante-douze dont vingt-quatre appartiennent au temps passé, vingt-quatre à l’âge actuel, tandis que les vingt-quatre autres se manifesteront aux époques futures.

Sur la terre que nous habitons, le Bharata-varṣa, à l’âge où nous vivons, vingt-quatre prophètes du Jaïnisme sont donc apparus. On les appelle d’ordinaire les Tîrthakaras. Ils ont leurs légendes que les Jaïns récitent pieusement chaque année, au moment du grand jeûne.

Le premier fut Vṛṣabha, ou, de son autre nom, Âdinâtha. Il naquit dans la contrée de Śrâvasti et vécut 8.400.000