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HISTOIRE DES IDÉES THÉOSOPHIQUES DANS L’INDE

lient dans les textes de l’école l’énumération et la description des facultés miraculeuses des yogins, le point de vue n’est au fond pas très différent de celui où se placèrent les auteurs des Upaniṣad et les maîtres du Védanta. Ceux-ci voulaient que l’adepte sacrifiât tout à son salut ; ce salut, il ne peut le faire que par une méthode spirituelle, et spirituels aussi sont les bienfaits qu’il en retire immédiatement. Si l’on va au fond des choses, on reconnaît que pour le yogin il n’est pas non plus d’autre but que le salut ; pas d’autre moyen pour l’atteindre que la méditation et l’extase ; pas d’autre avantage prochain à espérer que le parfait apaisement de l’âme : « Annihilation, extension, faculté de prendre des formes multiples, merveilleuses sensations de l’odorat, de l’ouïe, de la vue, du goût et du tact, de fraîcheur et de chaleur ; une forme semblable à celle du vent ; l’intelligence intuitive du sens des Écritures et des œuvres de génie, fréquentation des nymphes célestes : acquérant tout cela par le yoga, le sage dédaigne tout cela et s’absorbe en lui-même » (Mbhr. XII, 8790, sq.).

A. La puissance souveraine du yogin (aiśvarya).

Ces « perfections », siddhi, ṛddhi, que le yoga procure à ses adeptes sans qu’ils les aient désirées (akāmataḥ), ou plutôt à condition qu’ils ne les désirent pas, ni n’en veuillent profiter, sont à proprement parler des pouvoirs occultes, et non des facultés miraculeuses. En effet, elles découlent de la nature des choses et de l’étendue des facultés du yogin. Personne n’aura l’idée d’appeler surnaturelle la vue extraordinairement puissante d’un Tycho-Brahé. Les siddhi sont de même ordre : « Tous les hommes, disent la révélation et la tradition, possèdent ces facultés (car elles ont leur base

    insistent longuement sur ces perfections. Le même ouvrage répond ainsi ; « Ces pouvoirs occultes établissent en fait l’accomplissement du saṁyama ; on outre, il faut faire naître, en celui qui veut être sauvé, la conviction qu’il ne doit pas les utiliser » (p. 51).