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habitations tibétaines ne réclament pas de grands efforts d’architecture (il est bien entendu que nous ne parlons ici ni des temples, ni des monastères, ni des rares palais des hauts fonctionnaires), ce sont ou des maisons construites sans aucun souci du plus rudimentaire confort, ou de simples tentes, et, comme la population est en majorité pastorale et nomade, on peut dire que c’est la tente qui est l’abri le plus universellement adopté.

Les tentes se font selon deux modèles ; appelés, suivant M. l’abbé Desgodins[1], Gueur et Yob ; malheureusement cet auteur ne nous en donne pas une description suffisante, il se contente de dire que le Gueurn’a qu’une colonne, tandis que le Yob en a deux. À défaut de renseignements plus précis, nous croyons que le premier modèle correspond à la tente mongole et le second à la tente hexagonale décrites assez minutieusement par le père Huc, la dernière étant plus particulièrement tibétaine.

« La tente mongole, nous dit ce missionnaire[2], affecte la forme cylindrique depuis le sol jusqu’à mi-hauteur d’homme. Sur ce cylindre, de 8 à 10 pieds de diamètre, est ajusté un cône tronqué qui représente assez bien le chapeau d’un quinquet. La charpente de la tente se compose, pour la partie inférieure, d’un treillis fait avec des barreaux croisés les uns sur les autres de manière à pouvoir se resserrer et s’étendre comme un filet. Des barres de bois partent de la circonférence conique et vont se réunir au sommet, à peu près comme les baleines d’un parapluie. Cette charpente est ensuite enveloppée d’un ou de plusieurs tapis épais de laine grossièrement foulée. La porte est basse, étroite, mais pourtant elle a deux battants ; une traverse de bois assez élevée en forme le seuil, de sorte que, pour entrer dans la tente, il faut en même temps lever le pied et

  1. Desgodins, Mission du Thibet, p. 263.
  2. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. I, p. 62.