railles qui, par leur esprit au moins, se rapprochent beaucoup des usages funéraires des Parsis, méthode plus économique (le dépeçage d’un cadavre coûte une quinzaine de francs, somme considérable dans le pays), si elle est moins expéditive. Elle paraît être usitée à l’exclusion de la précédente dans la province de Tsang. Voici la description qu’en donne Turner : « J’ai vu, à côté du monastère de Téchou-Loumbo (Tachilhounpo), l’endroit où les Thibétains mettent ordinairement leurs morts. C’est un charnier assez spacieux, situé à l’extrémité du roc qui est absolument perpendiculaire, et entouré des autres côtés par de hautes murailles, que l’on a sans doute construites pour épargner aux vivants le dégoût et l’horreur que pourrait leur causer la vue des objets que ce lieu renferme. On en a laissé le centre totalement découvert pour que les oiseaux de proie puissent y entrer. Dans le fond, il y a un passage étroit et bas par où les chiens et les autres animaux voraces y pénètrent. D’une éminence que le roc forme à côté s’avance une plate-forme qu’on a construite afin de pouvoir jeter facilement les cadavres dans le charnier. Là, le seul devoir que l’on rende aux morts, c’est de les placer de manière qu’ils puissent être bientôt la proie des oiseaux carnassiers et des chiens dévorants[1]. » Ces chiens sont, paraît-il, tellement habitués à leurs lugubres festins, qu’ils rôdent par troupes autour des maisons où ils sentent la mort et suivent les convois funèbres, auxquels ils font un macabre cortège.
Dans les campagnes, on ne prend pas tant de précautions. On dépose simplement les corps en plein air sur quelque rocher et on laisse aux animaux carnivores, le soin de leur donner la sépulture. Quant aux misérables qui ne peuvent ni payer des porteurs, ni acheter les prières du clergé, on jette tout bonnement leurs morts dans les rivières. Jamais on
- ↑ S. Turner, Ambassade au Thibet, t. II, p. 96.