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mieux la cause de leur client. Si la demande est agréée, elles distribuent les khatas aux membres de la famille, tandis que circulent les écuelles de tchong ; puis elles attachent un bijou de forme spéciale, composé d’une grosse turquoise montée en or et nommé sédzia[1], sur le front de la fiancée, à laquelle le futur est autorisé dès lors à apporter les cadeaux de noce, qui consistent ordinairement en thé, parures, lingots d’or et d’argent, et bestiaux, principalement des moutons. De leur côté, les parents de la jeune fille lui donnent en dot des terres et du bétail[2], et l’apport des deux époux s’accroît encore des cadeaux que tous les invités sont tenus d’apporter.

Au jour fixé pour le mariage, on dresse devant la maison de la fiancée une tente dont on parsème le sol de grains de blé ; c’est là que viennent la chercher les parents du futur et que l’on sert en leur honneur un premier repas de noce. Ce festin terminé, toute l’assistance se forme en cortège, et, si la distance n’est pas trop grande, la fiancée, tenue des deux bras par son père et sa mère, est conduite à pied à la maison de son mari ; si la route est longue, le trajet se fait à cheval. Au moment où elle arrive à la maison nuptiale, on jette sur la jeune femme quelques poignées de froment et d’orge ; puis on la fait asseoir à côté de son époux, on leur donne à boire du tchong et du thé, et tous les invités défilent en déposant devant eux leurs cadeaux. Aussitôt après, commencent d’interminables festins, avec intermèdes de musique et de danses, qui durent invariablement pendant trois jours. Les frais de ces réjouissances, où tout ce que comporte le luxe tibétain est prodigué, sont si exorbitants qu’il faut, paraît-il, les compter parmi les causes de la rareté des mariages.

  1. Klaproth, Description du Tubet ; Nouveau Journal asiatique, t. IV, p. 251.
  2. Id., id.