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lui a enlevé une partie de ses traits caractéristiques. Il est généralement de haute taille, avec les épaules et la poitrine larges, et des membres vigoureux. Sa face est carrée et longue, son front haut et assez droit, son nez court, sa bouche large avec des lèvres minces, son menton carré et sa mâchoire inférieure un peu lourde ; ses pommettes sont moins saillantes que celles des Chinois et ses yeux beaucoup moins bridés. Il a les cheveux noirs et la barbe rare. Ses traits sont, en général, grands et durs. Son teint est plutôt basané que jaune et quelquefois même tout à fait blanc chez les personnes de la classe élevée. Agile, souple et robuste, le Tibétain s’adonne avec passion aux exercices physiques, gymnastique, jeux de force et d’adresse.

S’il n’existe pas, au Tibet, de castes comme celles de l’Inde, le peuple y est divisé en six classes, ouvertes, puisqu’elles sont différenciées par la fortune, l’éducation et les fonctions plutôt que par la naissance, encore qu’on y reconnaisse des nobles. La première classe, comme importance et prérogatives, est celle des Lamas (bla-ma « supérieur », les prêtres et les moines) ; la seconde se compose des nobles et des fonctionnaires, deux ordres de personnes à peu près identiques, puisque généralement les derniers sont choisis parmi les meilleures familles du pays ; la troisième classe comprend tous les marchands, quel que soit le genre et l’importance de leur négoce ; la quatrième, les agriculteurs ; la cinquième, les pasteurs, nomades ou sédentaires ; la sixième, les mendiants de diverses origines et de toutes catégories, faisant profession de mendicité par dévotion, par misère ou par condamnation judiciaire[1]. Ces six classes, en réalité, peuvent

  1. C.-H. Desgodins, Mission du Thibet, pp. 227-231. — M. l’abbé Desgodins met au premier rang la classe des fonctionnaires, qu’il qualifie mandarins. Il nous paraît en cela commettre une erreur ; car, si tous les lamas ne sont pas fonctionnaires, la plupart des fonctionnaires sont lamas, et tout au Tibet se fait sous l’influence ouverte on occulte du clergé. Les