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que les géographes et les historiens chinois désignent sous le nom d’Ous-Zzang « Ou et Tsang ». Le Tsang possède dix-sept centres de population assez importants pour mériter le nom de villes, surtout dans un pays aussi peu peuplé que le Tibet. Sa capitale, Digartchi (orthographié aussi Chigatsé et Jikadzé), cité de 15,000 à 20,000 habitants[1], est située, au pied de hautes montagnes escarpées et dénudées, dans la longue vallée en grande partie stérile et déserte de Païnom[2], sur la rive droite du Tsangpo, et à environ 210 kilomètres au sud-ouest de Lhasa. Bien que Digartchi soit le siège officiel du gouvernement de la province, cette cité est presque complètement éclipsée par la petite ville de Tachilhounpo[3] (bKra-shis-lhoun-po), résidence du Pantch’en Rinpotch’é[4], second chef spirituel du Tibet. À proprement parler, Tachilhounpo n’est pas une ville, ni même une bourgade, mais un immense monastère composé de nombreux temples et mausolées, et de trois ou quatre cents maisons, groupées autour du palais du Pantch’en Rinpotch’é, habitées par les lamas et quelques industriels ou commerçants attirés par l’espoir du gain que leur promettaient le voisinage du couvent et les nombreux pèlerinages qui s’y font chaque année[5]. Le monastère est édifié dans une vallée encaissée entre des rochers, longue de 28 kilomètres, orientée du sud au nord, que longe le Païnom-tch’ou pour aller se jeter, à peu de distance de là, dans le Tsang-po. La vallée, large de près de 10 kilomètres à son extrémité sud, se rétrécit vers le nord ne laissant plus qu’un étroit défilé par lequel s’échappe la rivière. C’est à ce point, à mi-côte d’un rocher abrupt qui ferme la

  1. D’après Dubeux, Tartarie, p. 266. — M. Léon Feer (Le Tibet, p. 21) ne lui en accorde que 9,000.
  2. S. Turner, Ambassade au Tibet et au Boutan, t. I, p. 334.
  3. Appelée aussi Djachu-loumbo, Teschou-lombou et Tissou-lombou.
  4. Appelé aussi Techou-Lama.
  5. S. Turner, Ambassade au Tibet et au Boutan, t. II, p. 60.