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lui fis sur le pays d’où venait le cheval, il répondit seulement qu’il venait de très loin. Je dis au râja que nous avions des tableaux où étaient représentés des animaux pareils à celui dont il me parlait, mais qu’on les regardait comme fabuleux et je lui témoignai vivement le désir d’en voir un. Alors il m’assura de nouveau que le sien était tel qu’il le disait, et il me promit de me le montrer. Cet animal était à quelque distance de Tassisoudon, et les Boutaniens avaient pour lui une vénération religieuse. Il ne m’a pas été possible de le voir[1]. »

Si l’on songe qu’en dehors des livres chinois, dont la valeur scientifique ne fait plus illusion, ce renseignement est avec celui d’Hodgson le plus précis que nous possédions, on jugera comme nous qu’il est prudent, tant que son existence ne sera pas scientifiquement constatée, de tenir cet animal pour ce qu’il est, sans doute, un produit de l’imagination et de la crédulité orientales.

5. Géographie politique.Gouvernement. Administration. Justice. — « Ceste province de Tebet est une grandisme province...... Elle est si grant province que il y a VIII royaumes et grant quantité de citez et chasteaus[2]. » Tels sont les termes dans lesquels Marco Polo nous présente le Tibet à la fin du XIIIe siècle. À cette époque, il était déjà tributaire de l’empire chinois, — « de cest Tebet entendez que il est au grant Kaan », a soin de dire notre auteur, — mais il avait sans doute conservé encore son intégrité territoriale. Il a bien déchu depuis. À la suite de ses démêlés perpétuels avec le gouvernement chinois, de ses nombreuses tentatives de révolte et de ses dissensions intestines, qui donnèrent à son puissant voisin de fréquentes occasions d’intervenir, il perdit d’abord, à la fin du siècle dernier, la

  1. S. Turner, Ambassade au Tibet, t. I, p. 241.
  2. G. Pauthier, Le Livre de Marco Polo, t. II, p. 377.