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cigogne et une grue de grande taille, appelée saura, dont l’œuf est de la grosseur de celui de la dinde.

Toutefois les oiseaux sont en général très rares dans la partie septentrionale du Tibet, au dire de M. Grenard.

La faune tibétaine est particulièrement riche en animaux sauvages et en fauves. C’est ainsi que l’on y signale deux espèces d’ours, l’une brune et l’autre jaune, le lynx, le loup, le renard, la loutre et, malgré la rigueur du climat, le léopard[1] (tag), la marmotte, l’écureuil, le chevreuil ou le daim, le daim musqué, le cerf, l’hémione, cheval sauvage à longues oreilles d’âne, absolument rétif à la domestication et que l’on chasse pour sa chair réputée très délicate. Mais le plus extraordinaire des hôtes de ce pays, est la fameuse licorne que les Tibétains nomment sérou. Ils la décrivent comme une antilope, de la grosseur d’un cheval, armée d’une seule corne droite placée au milieu du front. Cet animal est considéré en quelque sorte comme divin. Selon une légende mongole, comme Gengis-Khan, après avoir conquis le Tibet, prenait la route de l’Inde, qu’il se proposait de soumettre, il fut arrêté au passage du mont Djadanaring, par une licorne qui « se mit trois fois à genoux devant lui, comme pour lui témoigner son respect ». Frappé de ce prodige, le conquérant rebroussa chemin et l’Inde fut sauvée[2]. On doute, et non sans raison, de l’existence de cet animal étrange, malgré les dires des Tibétains, des Mongols et des Chinois, sur la foi de qui tous les voyageurs ont parlé de la licorne, sans jamais l’avoir aperçue. Voici, entre autres, ce qu’en dit Turner : « Le râja (du Boutan) me dit qu’il possédait un animal très curieux ; c’était un cheval avec une corne dans le milieu du front. Il en avait un autre de la même espèce qui était mort. À toutes les questions que je

  1. Le léopard et même le tigre existent en Corée, sous une latitude bien plus septentrionale.
  2. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. II, p. 423.