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imposer un bien gros fardeau, il faut tout un troupeau lorsque le voyage doit être un peu long ; mais, en compensation, le voyageur a du moins la ressource de manger ses porteurs, à mesure que leur charge est consommée. La peau du mouton est employée pour doubler les vêtements d’hiver ; celles d’agneaux sont particulièrement estimées. Pour les obtenir plus fines et plus douces, on tue les brebis quelques jours avant qu’elles soient sur le point de mettre bas[1].

Une autre ressource du berger tibétain, c’est la fameuse chèvre à longue laine soyeuse dont la toison sert à tisser les riches étoffes du Cachemir. C’est une espèce d’antilope nommée tsod dans le pays[2]. On la trouve aussi, paraît-il, à l’état sauvage.

Les chevaux (rta) sont en assez grand nombre autour des tentes des pasteurs ; leur taille est petite et leur caractère très vif. Turner en signale une race, fort appréciée de son temps, dans le Bengale, sous le nom de Tangout ; mais qui parait plutôt être de provenance mongole. Sur la frontière de la Mongolie, dans le voisinage du désert de Gobi, on trouve aussi l’âne, le mulet et un chameau à longs poils, auxiliaire précieux pour la traversée des steppes sablonneuses. N’oublions pas, enfin, parmi les utiles commensaux de l’homme, le porc (p’ag) qui pullule dans les villages, et le chien (kyi), énorme molosse à l’aspect féroce, mais, à ce qu’il paraît, plus aboyeur que réellement terrible[3].

Aucun voyageur, à notre connaissance, ne signale l’existence au Tibet d’autres oiseaux de basse-cour que la poule ; il y existe cependant aussi quelques canards. A l’état sauvage, on y trouve plusieurs espèces d’aigles, l’épervier, la buse, le vautour, la corneille et le corbeau, la pintade, la caille, la perdrix, le faisan, l’oie, le canard, la sarcelle, la

  1. S. Turner, Ambassade au Tibet, t. II, p. 76.
  2. Léon Feer, Le Tibet, p. 15.
  3. S. Turner, Ambassade au Tibet, t. I, p. 322.