Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trésor, ils croiraient que Dieu leur oterait l’autre qui est dans la terre[1]. »

Parmi les autres productions minérales naturelles, on trouve : le cobalt, le soufre, le salpêtre, le borax (en tibétain tinkal) fourni par plusieurs lacs, et, au premier rang, le sel gemme et naturel. Ce dernier se récolte en grande abondance, pendant l’été, sur les bords desséchés des lacs salés, et, pour une moindre quantité, s’extrait par évaporation de sources salines très nombreuses dans le massif de l’Himâlaya. Le sel et le borax sont l’objet d’un commerce important.

Flore. — Si le Tibet est d’une richesse merveilleuse au point de vue minéral, il est, par contre, d’une pauvreté qui touche à la stérilité sous le rapport végétal. D’ailleurs, étant donné ce que nous savons de sa configuration, de l’élévation prodigieuse de ses montagnes, de son altitude générale et de son climat, il n’y a là rien qui doive nous étonner, et même, si nous songeons qu’en Europe la végétation s’arrête sur les montagnes à la hauteur de 2,800 mètres, nous devons admirer qu’on en trouve encore des traces à près de 3,600 mètres. C’est un miracle dû à la bienfaisante ardeur du soleil des tropiques.

Dans le Tibet proprement dit, c’est-à-dire dans les provinces de Khams, d’Ou et de Tsang, non seulement on ne rencontre pas une seule forêt, mais l’arbre manque presque totalement. Même dans les vallons bien abrités, les seuls représentants des essences forestières ne sont guère que la ronce, le houx, l’églantier, l’airelle, le sureau. Sur les pentes des vallées profondes, croissent, isolés ou en petits groupes, le sapin, le bouleau, l’if, le cyprès, le tremble, le noyer, quelquefois l’orme, rarement le frêne, et dans les fonds un peu humides, le long des ruisseaux et rivières, le saule. Aucun voyageur ne signale l’existence du chêne.

  1. Voyages de Benjamin de Tudelle, etc., p. 328.