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même les plus solidement établis se disjoignent, se fendent et éclatent[1] au point de ne pouvoir plus servir, et que les Tibétains sont obligés de couvrir d’étoffes de coton les colonnes, les chapiteaux et les portes de leurs monuments, afin de les empêcher de se fendre[2] ; enfin, la fréquence et la violence des vents qui, pendant les mois secs de l’été, soulèvent des tourbillons de poussière et de sable absolument aveuglants[3], et, en hiver, rendent le froid plus insupportable que dans n’importe quelle autre contrée. Ce froid est quelquefois tel que l’on trouve dans les champs des animaux morts, la tête fendue[4]. Néanmoins, les gens du pays supportent bien cette température si rigoureuse ; ce qui tient peut-être à la vigueur exceptionnelle de la race et à l’extrême pureté de l’air, ou bien encore à ce que, parmi les enfants, ceux-là seuls survivent qui sont assez robustes pour résister à la fois au climat et au manque de soins. A défaut de statistique, il est permis d’attribuer le peu de densité de la population à une très grande mortalité infantile.

4. Produits naturels. — Flore et Faune. — Jusqu’à présent, la géologie et la minéralogie du Tibet restent à faire ; mais, à défaut de données scientifiques exactes, on possède sur les richesses minérales que renferme son sol des renseignements dignes de foi, fournis par les habitants eux-mêmes ou par les Chinois, et, sur quelques points, corroborés par les récits des voyageurs européens. Il semble que de tout l’ancien continent ce soit la contrée la

  1. S. Turner, t. II, p. 248.
  2. S. Turner, Ambassade, p. 76.
  3. Id., p. 151.
  4. W. Griffith, Journal of the Mission which visited Bootan in 1837-38 ; Journal of the As. Soc. of Bengal, 1839, p. 253 ; — et S. Turner, Ambassade au Tibet, t. 1, p. 314. Turner dit aussi (Ambassade, t. II, p. 248) que ce terrible vent d’hiver occasionne la chute des donts incisives.