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pendant le jour, quoique les gelées nocturnes persistent souvent jusqu’en juillet. Les rosées sont abondantes et les pluies rares, sauf pendant les trois premières semaines de juillet où elles tombent par grandes ondées[1], ce qui tient probablement à ce que les vapeurs qui s’élèvent de l’océan Indien sont arrêtées par le rempart de l’Himâlaya[2]. Par contre, la grêle est fréquente[3], en raison, sans doute, du refroidissement des nuages au contact des neiges éternelles, et à cause de la violence des courants d’air qui se produisent dans les vallées profondes. L’hiver, d’une rigueur extrême et accompagné de neiges abondantes, succède presque sans transition aux chaleurs de l’été[4].

De l’accord de tous les voyageurs, trois choses rendent particulièrement pénible le climat du Tibet, indépendamment de l’inclémence de la température, d’ailleurs assez supportable dans les vallées abritées[5] : l’extrême raréfaction de l’air, qui donne, surtout aux personnes non acclimatées, le malaise souvent accompagné de fièvre qu’on appelle « mal des montagnes » ; la siccité de l’atmosphère, qui dessèche et flétrit les végétaux au point que le simple frottement des doigts suffit à les réduire en poussière[6], que les meubles

    dans le district d’Amdo, au nord de la province de Khams, il tombe encore de la neige en juin, et le froid est si piquant qu’on ne peut, sans imprudence, se dépouiller des vêtements de fourrure.

  1. Huc, l.c., p. 170.
  2. Sur le versant méridional de l'Himâlaya, qui reçoit directement les vapeurs de l’océan Indien pendant toute la saison chaude, les pluies et les orages sont fréquents (S. Turner, Ambassade au Tibet, vol. I, p. 22).
  3. Klaproth, Description du Tubet ; Nouveau Journal Asiatique, t. IV, p. 138.
  4. Il doit y avoir des variations assez sensibles selon les localités, car l’auteur chinois de la Description du Tubet dit que « les quatre saisons se succèdent comme en Chine » (Klaproth, Description du Tubet ; Nouveau Journal Asiatique, t. IV. p. 138).
  5. Klaproth, l. c.
  6. S. Turner, Ambassade au Tibet, t. I, p. 810.