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aisément ; car, si le Tsang-po n’est pas le plus grand des fleuves qui prennent leur source dans le Tibet, c’est du moins celui qui y fait le plus long parcours, et dans la partie inférieure de son cours, sous le nom de Brâhmapoutre « Fils de Brahmâ », il partage, même pour les Indous, le caractère sacré du Gange, dont on le considère comme le frère. Les Tibétains lui donnent souvent le titre de Gyal-po (rGyal-po), « roi, seigneur ».

Le Tsang-po prend sa source dans le mont Tam-tchouk-kabab[1], tout près du célèbre lac Mansarovar ou Map’am-Dalaï, coule à l’est entre la chaîne des monts Gang-ri et l’Himâlaya, passe entre les lacs de Tengri-nour et de Yar-brok-mts’o ou Palti, parcourant ainsi dans sa plus grande étendue toute la partie du Tibet tenue pour sacrée, franchit l’Himâlaya par des gorges encore inexplorées au sortir desquelles, devenu le Brâhmapoutre, il traverse majestueusement, du nord-est au sud-ouest, l’Assam et le Bengale oriental pour venir enfin se réunir au Gange à quelque distance de son embouchure. Dans son parcours à travers le Tibet, il reçoit de nombreux affluents dont les principaux sont : le gTsang-tch’ou, ou rivière de Lhasa (en mongol, Galdjao-mouren « la furibonde »), le Mon-tch’ou auquel se réunit, au nord de la ville de hDam-rjong, le rLoubs-nag-tch’ou grossi du gSer-tch’ou et du dBoui-tch’ou (Oui-tch’ou), le Lopra-tch’ou, la Soubansiri, le Dihong et le Brâhmakound.

Lacs. — Le grand nombre de lacs, dont plusieurs sont salés ou du moins saumâtres, qui émaillent la surface du Tibet, a suggéré à certains auteurs l’idée que cette contrée a pu être, à un moment donné, entièrement submergée et

    connaissons pas d’exemple du kha comme consonne muette, et, ensuite, parce que, dans le même ouvrage, la province de Tsang, à laquelle le fleuve a donné ou emprunté son nom, est appelée gTsangs. Il doit y avoir là une simple faute d’impression ; le kha, mis pour ga.

  1. Dutreuil de Rhins, Asie Centrale, p. 3.