Le Lou-kiang, ou Nou-kiang (en tibétain, Oïr-tch’ou, et, en mongol, Kara-Oussou), traverse la province de Khams presque parallèlement au cours du Tsa-tch’ou, puis, se dirigeant vers le sud, coule à travers la partie occidentale du Yun-nan, la Birmanie, où il reçoit le nom de Salouen , la petite principauté de Pégou, et se jette dans le golfe de Martaban à peu de distance de l’embouchure de l’Iraouady .
L’Iraouady est celui des fleuves de cette région qui a donné lieu au plus grand nombre de controverses, tant au sujet de sa source que de son cours. Dutreuil de Rhins avait cru devoir l’assimiler au Ken-pou ou Gak-po Tsang-po, lui faisant ainsi prendre sa source dans le nord-est de la province de Khams[1]. La question est aujourd’hui tranchée par la récente exploration de M. le prince Henri d’Orléans et de M. Émile Houx, qui ont traversé les trois branches supérieures de ce fleuve, le Kiou-kiang, la Té-lo et le Nam-kiou, à peu de distance de leurs sources, situées dans la chaîne de montagnes qui borne au sud le bassin du Brahmapoutra . La source du Kiou-kiang ne serait pas à plus de 38°30 de latitude nord[2]. Il passe au nord de l’Assam , reçoit les eaux de la Nam-mou et de la Koutzé-kiang, traverse du nord au sud la Birmanie et le Pégou et vient terminer son cours dans l’océan Indien, entre le golfe de Martaban et le golfe du Bengale .
Le fleuve par excellence aux yeux des Tibétains est le Yérou Tsang-po, ou plus simplemement Tsang-po (en tibétain, gTsang-po et gTsang-tch’ou[3]). Il jouit d’une vénération pieuse, presque égale à celle que les Indous professent pour le Gange, et, de fait, cette vénération s’explique
- ↑ Asie Centrale, p. 180.
- ↑ Communication verbale de M. le prince Henri d’Orléans.
- ↑ Dans la traduction donnée par Klaproth de la Description du Tubet du P. Hyacinthe Pitchourinskii (Nouveau Journal Asiatique, t. IV, p. 113), Tsang-po est orthographié, en caractères tibétains, KhTsang-po. Nous croyons néanmoins qu’il faut lire gTsang-po, d’abord parce que nous ne