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port, l’importation et l’exportation des marchandises, et même le prêt à usure. Le moine a fait vœu de pauvreté, mais la communauté doit être riche, afin d’assurer son autorité et sa puissance.

Quelques-uns de ces monastères sont trop célèbres et trop souvent cités pour que nous puissions nous dispenser d’en dire quelques mots, et pour plus de clarté nous les classerons suivant les deux grandes divisions auxquelles ils appartiennent : secte jaune ou Gélougpa, et secte rouge des Nyigmapas.

Bien qu’elle se soit érigée en religion d’état depuis l’usurpation du pouvoir temporel par son chef, le Dalaï Lama, la secte des Lamas jaunes est encore demeurée beaucoup moins nombreuse que celle des Lamas rouges, et elle ne compte guère comme monastères importants que les couvents de Potala, Tachilhounpo, Galdan, Séra, Dépoung et Koumboum, tous d’ailleurs d’époque relativement récente et beaucoup plus modernes que ceux de la secte des Lamas rouges.

Le Palais-monastère de Potala a été construit, ainsi que nous l’avons déjà vu, entre 1642 et 1650 parle cinquième Dalaï-Lama, Ngavang Lobzang, sur les ruines de l’ancien château de Srongtsan Gampo, et a toujours servi depuis lors de résidence aux Dalaï-Lamas. C’est une grande bâtisse de quatre étages lourde d’aspect et cependant assez imposante avec son toit et ses clochetons dorés surmontant les tchortens qui renferment les restes des Pontifes qui se sont succédé depuis Ngavang Lobzang. Il s’élève dans le quartier ouest de Lhasa sur le mont Marpori[1], point culminant d’une colline à trois mamelons (les deux autres se nomment Djiagbori[2] et P’agmori[3]) qui domine d’une cen-

  1. Dmar-po-ri « montagne rouge ».
  2. Lhags-po-ri « montagne de fer ». Sur ce mamelon s’élève un petit monastère de même nom, où, dit-on, Tsong-khapa enseigna jadis la médecine.
  3. P’ag-mo-ri « montagne de la truie ».