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n’y a point de vallée, point de pente douce où l’effort de l’agriculteur ne se soit exercé. Les montagnes sont presque toutes arrosées par des cours d’eau rapides et il n’en est aucune où l’on ne voie, même sur les sommets, des villages populeux avec des jardins, des vergers et d’autres plantations[1]. » Au pied des montagnes s’étendent de vastes plaines couvertes de forêts et d’une grande puissance de végétation, mais marécageuses et malsaines[2]. La même description, à peu de chose près, peut s’appliquer au Népaul et au Sikkim.

Malgré sa grande hauteur au-dessus du niveau de la mer, le Ladak offre le même aspect agréablement varié et grandiose. Là aussi, l’industrie de l’homme s’est ingéniée à profiter des moindres parcelles de terrain favorables à la culture et a étagé sur les flancs des montagnes de magnifiques vergers où se rencontrent à peu près tous les arbres fruitiers des climats tempérés, surtout l’abricotier qui, par l’abondance et la qualité de son fruit, a valu à ce coin de terre le nom pittoresque de « Tibet des Abricots ».

Montagnes. — Le système orographique du Tibet peut être considéré, dans son ensemble général, comme formant deux vastes plateaux séparés par une région sensiblement plus basse et beaucoup moins accidentée[3]. L’un, le plateau du Tibet proprement dit, est limité au sud par l’Himâlaya, et au nord par une chaîne de moindres hauteurs qui court à peu près parallèle à la courbe que décrit l’Himâlaya. L’autre, que l’on peut appeler le plateau des Nan-chan, ou Montagnes du Sud[4], est délimité par la chaîne des Kouen-loun, au nord, et au sud par une autre chaîne courant du nord-est au sud-ouest, des monts Bayan-kara au Gandi-séri.

  1. Samuel Turner, Ambassade au Tibet et au Boutan, vol. I, p. 323.
  2. Id., p. 27.
  3. Dutreuil de Rhins, Asie Centrale, p. 583.
  4. C’est la dénomination chinoise ; les Nan-chan forment la frontière sud de la Mongolie chinoise.