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familiales, mais sans aucun rite religieux même individuel, et auquel il est formellement interdit aux moines d’assister. Ils y jouent cependant un rôle, mais préalable. Aucun mariage ne se célèbre au Tibet sans qu’un prêtre astrologue ait consulté les astres et comparé les horoscopes de nativité des deux fiancés afin de savoir si l’union projetée sera heureuse. On a aussi dans ce but des tables de divination que l’on consulte en jetant des dés ou de petits cailloux noirs et blancs qui révèlent l’avenir d’après les cases sur lesquelles ils tombent. Il appartient aussi au prêtre astrologue de déterminer le jour favorable à la célébration du mariage en consultant soit les astres, soit les tables de divination spécialement établies à cet effet.

De tout temps, par contre, les religieux bouddhistes ont généreusement prêté leur ministère aux funérailles. Pour eux c’est affaire de charité, persuadés qu’ils sont de l’efficacité de leurs prières et de leurs mantras pour procurer au mort la rédemption, ou du moins l’atténuation de ses péchés ; pour la masse du peuple c’est affaire de foi, de superstition et d’affection dans l’espoir de procurer à un être cher une heureuse transmigration.

Dans l’idée des Tibétains, nous l’avons vu, toutes les maladies sont l’œuvre des démons et par conséquent, outre qu’ils sont les seuls dépositaires de la science médicale les Lamas possesseurs de la puissance exorciste sont tout indiqués pour venir en aide, soulager ou guérir les malades ; toutefois à notre point de vue européen leur thérapeutique, dans les cas désespérés, d’incantations, d’exorcisme, de processions bruyantes autour du moribond, accompagnées du charivari de tous les instruments imaginables, paraîtrait plutôt susceptible de hâter la fin que de dissiper les souffrances du patient. Lorsque tout espoir est perdu, et que le malade entre en agonie, les Lamas du Monastère le plus voisin — à leur défaut le prêtre du village — viennent réciter les prières des morts afin d’empêcher les démons de