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spéciale, d’autant plus intéressante que le rituel conserve beaucoup de vestiges des temps archaïques. Les principaux rites, mystiques ou autres, révèlent une combinaison du culte indien et du culte tibétain pré-bouddhique. Tel qu’on le connaît déjà, le rituel le plus élevé suggère la comparaison sur beaucoup de points avec celui de l’église catholique romaine. Mais l’ensemble du culte lamaïque comprend une forte dose de culte démoniaque et de sorcellerie ; car le Lamaïsme n’est que faiblement et imparfaitement verni à la surface de symbolisme bouddhique, par dessous lequel apparaît sombrement le développement sinistre de la superstition polydémoniaque[1]. »

Cette appréciation de l’un des auteurs le plus justement estimés qui aient écrit sur le Bouddhisme tibétain ne nous paraît pas entièrement exacte. Il a raison, très certainement, en ce qui concerne les rites de magie, de sorcellerie et d’exorcismes qui constituent le fond de la religion populaire. Mais, quant au culte canonique, aussi bien des Nyigmapas que des Gélougpas orthodoxes, il nous paraît accorder trop d’importance à l’élément chamanique indigène et oublier qu’il n’est en somme, à quelques nuances près, que la célébration traditionnelle intégrale du culte du Mahâyâna mystique, tel qu’il se pratiquait au Népal[2] et probablement dans toute l’Inde septentrionale à l’époque de l’introduction du Bouddhisme au Tibet, tel qu’il existe encore de nos jours en Chine et au Japon dans les deux sectes de Tendaï et de Singon[3].

Comme toutes les autres religions, le Lamaïsme possède deux sortes de cérémonies cultuelles d’un caractère très tranché : les offices quotidiens et les grands sacrifices, réguliers ou accidentels, célébrés soit aux fêtes gardées, soit à

  1. L. A. Waddell : Lamaism, Intr. XI.
  2. B. H. Hodgson : Illustrations of the literature and religion of the Buddhists.
  3. Horiou Toki : Si-dô-in-dzou.