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qui, mus par le vent ou par l’eau, moulent éternellement leurs muettes prières, en l’honneur des Bouddhas et de la Loi, et pour le plus grand avantage de l’univers et des êtres.

N’oublions pas un autre ustensile qui, bien que secondaire, joue son rôle dans tous les cultes, même dans les rites de sorcellerie : c’est le Miroir (Me-long). Placé, occasionnellement sur l’autel, il symbolise la pureté comme emblème du soleil ou de la lune, mais il sert surtout dans les deux cérémonies appelées Touisol[1] « Ablution » et Ts’é-groub[2] « Obtention d’une longue vie ». La première de ces cérémonies s’applique indifféremment à tous les Bouddhas, la seconde s’adresse à Ts’épagmed (Amitâyus) le Bouddha d’immortalité ou de Vie éternelle. Dans le culte indien il est d’usage de baigner ou laver les images des dieux en les arrosant d’eau consacrée et parfumée, de lait, de beurre et autres matières réputées saintes et purificatoires ; dans le même but, les bouddhistes versent l’eau de consécration sur le miroir disposé de manière à refléter l’image du Bouddha ou du dieu placée sur l’autel. Pour les cérémonies d’exorcisme, c’est sur ce miroir que sont censés apparaître les divinités et les démons évoqués.

Le caractère spécial du Bouddhisme et certainement l’un des éléments les plus puissants de sa domination sur les masses, par l’impression profonde qu’il produit sur l’esprit, l’imagination et même les sens des fidèles, c’est la pompe de son culte. Rien n’y est négligé de ce qui peut frapper les esprits et produire l’émotion religieuse : pénombre mystérieuse des temples, éclairés seulement par la porte, où ressortent les ors des images et l’éclat étincelant des ustensiles sacrés, profusion de lumières sur l’autel, parfums pénétrants de l’encens et des fleurs tropicales, chants et musique.

  1. Bkrus-gsol.
  2. Ts’é-grub.