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Lalita Vistara entre autres, rapportent cependant que lorsque Çâkyamouni, encore enfant, fut conduit pour la première fois au temple des dieux, les statues de ceux-ci descendirent de leurs piédestaux et se prosternèrent à ses pieds pour l’adorer ; mais nous savons quel compte il faut tenir des dires de la tradition et des miracles qu’elle enregistre. Un fait certain, c’est qu’il n’existe point d’images du Bouddha sur les monuments les plus anciens de l’Inde (stoupas de Bharhut et de Bhilsa qui remontent au deuxième siècle avant notre ère) et qu’on ne peut attribuer ce fait à l’inexpérience ou l’incapacité des artistes d’alors, puisqu’ils y ont fait figurer des adorateurs et même des génies Yakchas. D’un autre côté, les annales chinoises mentionnent qu’en 124 (av. J.-C.) un général de la dynastie des Han, qui avait pénétré dans l’Asie centrale jusqu’à la mer Caspienne, rapporta comme trophée une statue dorée du Bouddha.

La légende bouddhique nous raconte, le plus naturellement du monde, comment et à quelle occasion fut exécutée la première image du Bouddha . Quelque temps après son accession à l’état de Bouddha, Çâkyamouni monta au ciel Touchita afin d’enseigner la Bonne Loi à sa mère, Mâyâ. Il y séjourna trois mois. Son grand ami, le roi de Magadha, Bimbisara, ne pouvant supporter si longtemps son absence, supplia le saint Maudgâlyâyana de lui procurer un portrait du Maître. Par sa puissance surnaturelle, Maudgâlyâyana conduisit au ciel Touchita un sculpteur habile qui, de retour sur la terre, exécuta en bois de santal une image du Bouddha de grandeur naturelle et si ressemblante qu’il était impossible de la distinguer de l’original à la vie près. Prasénajit, roi de Koçala, autre ami du Bouddha, fit ensuite copier en or massif cette image merveilleuse. Ce furent, dit-on, les deux premières statues du Tathâgata, qui servirent de modèles pour toutes celles qu’on exécuta par la suite non seulement de Çâkyamouni, mais de tous les autres Bouddhas. Et de fait tous, ce ne serait pas assez dire se