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Cette fabrication n’est pas, évidemment, un monopole des couvents : Lhasa, entre autres, possède en ce genre des artistes laïques renommés ; mais en général les images sculptées ou peintes par les moines sont préférées en raison de la sainteté spéciale qui découle de leur origine.

L’exercice de la médecine est tout entier entre les mains des Lamas et ceci à double titre, car, d’une part, ils sont les seuls dépositaires de la science, toute empirique qu’elle soit, et si faute d’études anatomiques ce sont de pauvres chirurgiens, à peu près de même valeur que les rebouteurs de nos campagnes, ils connaissent par tradition séculaire les vertus et propriétés des plantes de leurs montagnes et savent, paraît-il, les employer avec assez de succès dans la plupart des cas de maladies simples ; d’autre part, comme la superstition populaire attribue aux maléfices des démons tous les maux qui frappent l’humanité, les Lamas sont seuls qualifiés, en vertu de leur caractère sacré et de leur connaissance des sciences occultes, pour combattre et mettre en fuite les démons.

Cette croyance en l’attribution aux démons de tous les maux moraux ou physiques des hommes nous amène tout naturellement à l’une des fonctions les plus importantes des Lamas et celle dont ils tirent le plus grand profit ; l’exorcisme. La magie, dont l’exorcisme est une branche, constitue, nous l’avons déjà dit, une science que possèdent et pratiquent tous les Lamas, même de la secte orthodoxe. Elle a sa place partout ; dans les temples dont il faut expulser les esprits du mal avant de procéder à aucun office, et plus encore dans le culte populaire, ainsi que nous aurons l’occasion de le constater par la suite.

Une autre fonction, et non des moins lucratives, des Lamas est celle de prédire l’avenir par l’astrologie, quand il s’agit des évènements les plus importants de l’existence humaine — naissance, mariage, décès, — par divers procédés de divination pour les mille incidents futiles ou sérieux