supérieure ou d’un simple saint tibétain, d’un Dalaï-Lama ou d’un modeste abbé de monastère de second ordre.
Lorsqu’un Lama incarné meurt (mettons un Dalaï-Lama parce que nous possédons des procès-verbaux plus circonstanciés de la réincarnation de ces sublimes personnages), l’esprit divin qui l’animait retourne dans son céleste séjour pendant un laps de temps qui ne peut être moindre de quarante-neuf jours,[1] puis quand les conditions requises de pureté de famille et de mérites acquis de l’être nouveau destiné à lui servir d’enveloppe matérielle se présentent parfaitement accomplies, il se réincarne en un enfant, qui dès sa naissance manifeste des preuves évidentes de son caractère surnaturel.
La réincarnation a généralement, mais pas nécessairement, lieu dans le courant de l’année qui suit la mort du Dalaï-Lama défunt ; jusqu’à présent le délai maximum n’a pas dépassé quatre ans. Dès que la rumeur publique ou les rapports des autorités ecclésiastiques de la région ont fait connaître l’existence dans telle ou telle localité d’un enfant, ayant l’âge voulu, montrant des dispositions miraculeuses, le sacré collège des Khanpos et le régent politique du Tibet (ou bien le chapitre du monastère s’il s’agit d’un Khoubilgan ou d’un Khoutouktou) font une enquête sur l’authenticité des faits avancés, et, si elle les confirme, se rendent sur les lieux pour soumettre l’enfant à une série d’épreuves, dont la plus décisive est de lui faire reconnaître parmi beaucoup d’objets identiques ceux dont le défunt Dalaï-Lama se servait habituellement, livres, chapelet, tasse à thé, etc. Si l’enfant se tire à son honneur de ces épreuves, on le proclame réincarnation de l’esprit divin du défunt, et on l’amène en grande pompe à Lhasa où il reçoit jusqu’à dix-huit ans (âge de la majorité) l’éducation et l’instruction
- ↑ À rapprocher des quarante-neuf jours de retraite du Bouddha au pied de l’arbre Bô.