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tesse, comme chez nous le titre d’abbé, car en réalité le mot Lama, qui signifie « supérieur » ou « maître vénérable » ne s’applique qu’à de hauts dignitaires, relativement peu nombreux, qui ne l’acquièrent qu’après avoir fait preuve d’une science profonde. En fait, le clergé tibétain se compose de cinq classes distinctes, suivant une hiérarchie assez semblable à celle de l’Église romaine :

Gényén[1] (dge-bsnyen), auditeur.

Gétsoul[2] (dge-ts’ul), premier degré de la prêtrise, novice.

Gélong[3] (dge-slong), prêtre ordonné ;

Lama[4] (bla-ma), prêtre supérieur ;

Khanpo[5] (mk’an-po), abbé, évêque.

Au dessus de ces rangs qui s’acquièrent par le mérite et la sainteté, il en est deux autres conférés ceux-là par droit de naissance, ceux de Khoubilgan, incarnation d’un saint tibétain, et de Khoutouktou, incarnation d’un saint indien, et enfin, comme couronnement de l’édifice, les deux dignités sublimes de Pantchen Rinpotché (Pan-c’en Rin-po-c’e) et de Dalaï Lama (Ta-le bla-ma ou Rgya-mts’o).

2. Admission dans l’ordre. — Le respect dont les Tibétains entourent les Lamas, les nombreux privilèges dont ils jouissent, la puissance spirituelle et temporelle qu’ils exercent, et aussi, il faut bien le dire, l’attrait de la vie facile qu’on mène dans les monastères, attirent dans l’ordre de nombreuses recrues. Toutes les familles tiennent à honneur de compter l’un des leurs dans ses rangs, et même, comme il ne saurait jamais y avoir un trop grand nombre de ces saints personnages, une loi dénommée btsun-gral oblige

  1. En sanscrit Upāsaka.
  2. Çramanera.
  3. Çramana.
  4. Guru, Acarya.
  5. Sthavîra.