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En tête de ce groupe, si nous suivons les données de la secte orthodoxe des Gélougpas, nous trouvons naturellement Tsong-Kha-pa, fondateur de la secte et restaurateur de la pureté de la doctrine[1], et la succession des Dalaï-lamas à partir de Gedoun-Groub, neveu et successeur de Tsong-kha-pa jusqu’au Dalaï-lama actuel, ainsi que celle un peu plus récente des Pantchen Rinpotchés de Tachilhounpo. Toutefois les autres sectes, indépendantes de l’autorité du Dalaï-lama, les mettent à leur place chronologique, bien entendu après leurs propres fondateurs.

Chronologiquement, la série commence par Nâgârjuna et son disciple Arya-déva, fondateur et propagateur du système Mahâyâna dans l’Inde, Padma Sambhava et Çanta-Râkchita, introducteurs du Mahâyâna mystique au Tibet, Atiça, son réformateur, et Bromton, fondateur de la secte Kadampa, pour se continuer par le Saskya Pandita (XIIIe siècle), premier possesseur du pouvoir temporel au Tibet, Tsong-kha-pa, les Dalaï-Lamas, les Pantchen Rinpotchés, les Houtouktous et les Khoubilgans, supérieurs de Monastères réputés incarnations de diverses divinités ou de saints vénérés.

6. Dâkkinîs. — Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le constater, le Bouddhisme Mahâyâna, et ses branches tibétaines en particulier, ont emprunté la plus grande partie de leurs divinités inférieures au Çivaïsme et surtout au Çivaïsme tântrique qui fait prédominer le culte des Çaktîs de Çiva sur celui de ce dieu lui-même ; nous ne devons donc pas nous étonner que les Tibétains donnent le pas aux Dâkkinîs sur les dieux masculins. Les Dâkkinîs, en effet, représentent aussi exactement que possible comme aspect et fonctions les diverses manifestations de la Çaktî de Çiva, tantôt farouche, cruelle et sanguinaire (Kâlî ou Dourgâ), tantôt bienveillante, protectrice et sauveuse [Târâ],

  1. Voir page 185.