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faisant autorité, fondateurs de Sectes et de Monastères de l’Église tibétaine. Suivant la croyance générale, ils ont acquis le Nirvâna relatif, celui dont le saint peut jouir déjà pendant son existence terrestre, mais qui, n’entraînant pas comme le Parinirvâna l’impossibilité de reparaître sur la terre ou dans l’univers, leur laisse la faculté de s’intéresser directement aux progrès de la religion et même aux choses du monde, de diriger et protéger les êtres dans leur marche pénible sur le chemin du salut, voire même au besoin de se réincarner afin de combattre quelque schisme ou hérésie dangereuse et remettre dans la bonne voie les égarés entraînés par de fausses doctrines. Ici aussi nous rencontrons une classification ou hiérarchie basée sur les mérites et la puissance qu’on attribue à ces saints personnages, à la tête desquels, bien entendu, on place Çâkyamouni, le Saint et le Guru par excellence.

Au premier rang figurent douze personnages dénommés Groub-tchen[1] « sorciers », entièrement imaginaires, à ce qu’il semble, et imités des Richis védiques, qui passent pour avoir acquis sainteté et puissance surnaturelle au moyen d’austérités, de mortifications corporelles et surtout par des pratiques magiques. Ce sont les patrons des adeptes de la Sorcellerie. Ensuite viennent les seize Arhats ou grands disciples du Bouddha, les dix-huit Sthâvîras patriarches successeurs du Bouddha ou chefs des premières sectes, les Pandits indiens et tibétains qui ont introduit, propagé ou restauré le Bouddhisme au Tibet, les fondateurs des écoles philosophiques, sectes religieuses et grands monastère du Tibet et de la Mongolie, et enfin toute la série de hauts dignitaires tenus pour être des incarnations perpétuelles de Bouddhas, Bodhisattvas, saints ou dieux, et que l’on nomme pour cette raison « Bouddhas vivants » ou « Bouddhas incarnés ».

  1. Grub-c’en.