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des causes efficientes de la création. Ne pouvant raisonnablement attribuer l’action à ces abstractions, on leur a cependant donné une force d’énergie agissante, c’est-à-dire une Çaktî, une épouse représentant cette énergie, et les résultats de l’action de cette énergie ont été assimilés, suivant une idée très répandue chez les peuples primitifs, à ceux de l’acte de génération. Le Bouddha source et essence de tout est ainsi devenu un générateur, et c’est même à ce titre qu’il est considéré comme devant s’intéresser aux créatures engendrées par lui, et avant tout les protéger contre les démons, la grande et perpétuelle terreur des Tibétains.

Dans toutes les représentations plastiques ou peintes, ce qui caractérise nettement le Yi-dam, c’est la Youm qu’il
Dpal-hk’or-lo Sdom-pa.
tient étroitement enlacée dans ses bras, et c’est à cause de ce caractère invariable que l’on est, en quelque sorte, obligé de réunir dans un même groupe des divinités très dissemblables de rang et de puissance qui devraient normalement appartenir à plusieurs classes distinctes.

Les Yi-dams du rang le plus élevé sont les manifestations tântriques des Dhyâni-Bouddhas, de quelques Bouddhas et de quelques Bodhisattvas. Sauf l’adjonclion de la Youm, ils conservent dans ce rôle la figure que leur donne la tradition hiératique ; il n’y a d’exception que pour quelques Yi-dams-Bodhisattvas qui revêtent pour la circonstance des traits et des expressions terribles, propres, à ce que l’on suppose, à remplir d’effroi les démons qu’ils ont à combattre. En général, ces personnages sublimes sont représentés assis, pour marquer