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sur tout ce qui existait en dehors de ses frontières. Les premiers renseignements que l’on possède sur ce pays, sont ceux de Rubruquis, qui n’en parle que de ouï-dire comme d’une contrée fabuleuse, et de Marco Polo.

Guillaume de Rubruquis était un moine cordelier, de l’ordre des Frères Mineurs, que Louis IX envoya en Tartarie, — du temps qu’il faisait en Syrie la guerre aux Sarrazins, — auprès d’un prince des Turcomans qu’il nomme Sartach, et qui passait pour être chrétien. Parti de Constantinople le 7 mai 1253, il arriva, le jour de Saint Pierre-aux-liens, au campement de Sartach qui, ne voulant pas risquer de se compromettre, l’envoya à son père, Baatu. Celui-ci, à son tour, crut devoir faire conduire l’envoyé du roi de France auprès du grand chef des Tartares, Mangou-khan, qui résidait alors dans la cité célèbre de Karacorum. Cette ambassade n’eut pas d’autre résultat appréciable que de fournir à Rubruquis les matériaux d’une relation intéressante et utile à consulter, mais malheureusement insignifiante en ce qui concerne le sujet qui nous occupe : le Tibet étant resté en dehors de son itinéraire, il n’en parle que deux fois[1].

Marco Polo — fils d’un marchand vénitien, honoré de la confiance de Khoubilaï-khan, conquérant de la Chine et fondateur de la dynastie mongole — quitta Venise en 1270, à l’âge de dix-neuf ans, accompagnant son père et son oncle à la cour du nouvel empereur, où il passa vingt années, chargé de nombreuses missions dans les différentes provinces de l’empire. Rentré en Europe en 1289 ou 1291, il écrivit le récit de tout ce qu’il avait vu et entendu dire au cours de ses missions et de ses voyages. Dans cette

  1. Voyage remarquable de Guillaume de Rubruquis, envoyé en ambassade par le roi Louis IX en différentes parties de l’Orient, principalement en Tartarie et à la Chine, l’an de N. S. MCC.LIII ; contenant des récits très singuliers et surprenants, écrits par l’ambassadeur lui-même. Traduit par le sr Bergeron, in-8o. Paris, 1830.