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losophie et métaphysique eurent une magnifique floraison dans les grands monastères de Galdan, de Dépoung, de Séra, de Tachilhounpo, etc., qui produisirent de nombreux maîtres experts en ces sciences et dont la renommée contribua puissamment à l’extension de la secte[1]. Jusqu’à nos jours, les religieux Gélougpas ont conservé une réputation de savoir que l’on dit méritée. Mais il fut moins heureux en ce qui concernait les pratiques de magie et de sorcellerie, auxquelles il dut faire une part plus large peut-être qu’il n’eut voulu, en se bornant à restreindre leur emploi et leur enseignement aux matières — formules, gestes cabalistiques et cérémonies — contenues dans la septième section du Kandjour appelée Gyout[2], et revêtues de ce fait de la consécration canonique. Pour le reste des dogmes et des doctrines, les Gélougpas suivent assez exactement le canon du Mahâyâna primitif de l’Église du Nord, tel que la secte Kâdampa[3] l’avait reçu d’Atiça, éclairé et interprété aux lumières des différentes écoles philosophiques, Mâdhyamika, Prasanga, Svatantra-Mâdhyamika[4] et Yogâtchâra, par les commentaires de leurs docteurs. Ils ont cependant au point de vue de l’âme et du Nirvâna des doctrines, assez divergentes de celles des autres sectes, qu’il est intéressant de signaler.

Contrairement à la doctrine du Hinayâna, généralement adoptée par les écoles du Mahâyâna, les Gélougpas admettent l’existence de l’âme, sans toutefois concevoir celle-ci de la même manière que les philosophes et les religions de l’Europe. Ils la tiennent pour immortelle, ou plutôt douée d’une existence indéfinie, et peut-être même éternelle quant à son essence. Dans le principe cette âme est une lumière

  1. Sarat Chandra Dâs : Buddhist Schools in Tibet (Jour of the As soc. of Bengal, 1881, p. 117).
  2. Rgyud, en sc. Tantra.
  3. Aujourd’hui ralliée et constituant une sous-secte Gélougpa.
  4. Cette école se rapproche assez du Védânta.