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Malgré sa grande renommée et sa situation prééminente, Tsongkhapa n’eut jamais, de son vivant, d’autre titre officiel que celui d’abbé de Galdan, que porta également Gédoun-Groub jusqu’à son élévation, en 1439, au rang de Grand Lama ou supérieur général de la secte. Le pontificat de ce dernier est marqué de deux faits importants : la fondation du monastère de Tachilhounpo[1], en 1445, et l’institution du dogme de l’Incarnation des Grands Lamas de la secte Gélougpa, dont son successeur, Gédoun-Groub Gyétso[2], né en 1475[3], fut le premier bénéficiaire. Il semble toutefois, qu’il ne s’agissait à cette époque que de l’incarnation de l’esprit du premier Grand Lama et non de celle d’un dieu, et que cette fiction, dont les Gélougpa ont tiré si grand avantage, n’eut primitivement pour but que de créer pour ces éminents personnages une sorte d’hérédité spirituelle, à l’imitation de l’hérédité réelle pratiquée chez la secte rivale de Sakyapa, afin de renforcer l’autorité des supérieurs et de prévenir les intrigues inévitables des élections. Il est à remarquer cependant que le monastère de Galdan a conservé l’usage de l’élection de ses abbés.

À part l’adoption par les Grands Lamas du titre de Gyét’so[4] et le transfert du siège pontifical du monastère de Galdan à celui de Dépoung, on ne relève aucun événement saillant pendant les pontificats de Gédoun-Groub Gyéts’o (1475-1543) et de ses deux successeurs immédiats Sodnam Gyéts’o[5] (1543-1589) et Yontan Gyét’so[6] (1589-1617). Les historiens Tibétains constatent seulement la progression rapide et constante de la secte Gélougpa, qui allait prendre

  1. Bk’ra-çis-lhun-po.
  2. Dge-ldun-grub rgya-mts’o.
  3. C’est-à-dire l’année même de la mort du premier Gédoun-groub.
  4. Rgya-mts’o « Océan de Majesté », en mongol, Talé, d’où la forme européenne Dalaï.
  5. Bsod-rnamd-rgyamts’o.
  6. Yon-bstan-rgyamts’o.