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un Tibétain de Lhasa. À 16 ans, possédant parfaitement les Soûtras canoniques et les Tantras, Tsongkhapa vint compléter son instruction dans les monastères de Sakya et de Dikoung et finalement à Lhasa, où il approfondit la doctrine Kâdampa sous la direction du Lama Tchoikyab-Zangpo[1], sans compter les leçons que les grands saints de l’antiquité, Nâgârdjouna, Çṛî-Saraha, Bromton, Bouton, etc., lui donnèrent en des apparitions miraculeuses à mesure qu’il étudiait leurs ouvrages. À 37 ans, ayant reçu l’ordination la plus haute et conquis le grade de Maître de la Loi, il était sur le point d’entreprendre un pèlerinage aux Lieux Saints et aux célèbres monastères de l’Inde, lorsque Mandjouçrî lui apparut en personne et l’exhorta à demeurer au Tibet où il avait une œuvre utile et profitable à accomplir en rétablissant la véritable et pure doctrine du Bouddha, corrompue et déshonorée par les extravagances impies du Tântrisme et la démoralisation de la Confrérie. Consacrant sa vie à cette grande œuvre, Tsongkhapa acquit bientôt un renom justifié de sainteté et de science qui lui attira de nombreux disciples malgré la sévérité rigoureuse de sa discipline, surtout en ce qui concernait le vœu de chasteté, et sa lutte impitoyable contre les pratiques de sorcellerie et les rites immoraux introduits dans le culte, pratiques et cérémonies qu’il fut du reste impuissant à détruire complètement tant elles étaient entrées dans les usages populaires, et qu’il dût se borner à restreindre dans les limites de la stricte décence.

À ses disciples, — qu’il ramena aux règles inflexibles des deux cents cinquante-trois articles du Vinaya, à la liturgie et aux traditions rituelles du Mahâyâna primitif, — il imposa un vêtement jaune[2] rappelant par sa forme l’habit des Bikchous indiens, afin de les distinguer des autres Lamas vêtus de rouge, et leur donna le nom de Gélougpas[3] « Observa-

  1. C’os-skyabs-bzangpo.
  2. De là leur nom de « Lamas jaunes » ou Ça-ser « chapeaux jaunes ».
  3. Dgé-lugs-pa, appelés aussi Galdanpa.