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la nature des Bouddhas et les moyens de l’acquérir, la charité, l’adoration de l’Adi-Bouddha[1], le renoncement absolu au monde, la vie dans la solitude et de préférence dans un ermitage afin de restreindre l’action et le désir, l’observance rigoureuse des règles du Vinaya, l’étude de la métaphysique tântrique et de la philosophie selon l’école Mâdhyamika, et la pratique du Yoga. Elle adresse particulièrement son culte au Yidam tutélaire Demtchog[2], et à sa Çaktî Dordjé-p’agmo[3], et vénère comme principaux saints et patrons, Télopa, Nâro, Marpa, Milarapa. Assez déchue aujourd’hui, elle a, paraît-il, eu un moment de très nombreux sectateurs et ses religieux ont joui d’un grand renom de science et de sainteté[4].

Secte Sakyapa — Une autre secte formée du mélange des doctrines Nyigmapa et Kâdampa est celle que l’on nomme Sakyapa du nom du monastère de Sakya[5], où elle a pris naissance, édifié en 1071 par Kontcho-Gyelpo[6] dans la province de Tsang au sud-ouest de Tachilhounpo. Cette secte, fondée au commencement du douzième siècle par le fils[7] de Kontcho-Gyelpo, a joué un rôle considérable dans l’histoire religieuse et politique du Tibet par le grand savoir et les intrigues de ses moines, ses démêlés incessants avec ceux du monastère de Radeng et surtout par la suprématie qu’elle exerça pendant près de trois siècles sur les autres sectes tibétaines grâce à l’autorité spirituelle et temporelle dont elle fut investie[8], en la personne de ses supérieurs par

  1. Mkon-mc’og.
  2. Sbde-mc’og.
  3. Rdo-rje-p’ag-mo, en sanscrit Vajravarâhî, déesse à trois têtes dont une de laie.
  4. Sarat Chandra Dâs : Buddhist schools in Tibet (Jour. of the As. Soc. of Bengal, 1831, p. 127).
  5. Sa-skya « Terre jaune ».
  6. Dkon-mc’og-rgyal-po.
  7. Khon-dkon-mc’og-rgyal-po.
  8. En 1270.