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qui composent le Kandjour[1] et de la plupart des 250 volumes du Tandjour[2] était terminée. C’est celle en usage aujourd’hui encore.

Renégat à la tradition de sa famille, Langdarma[3], — dont le nom est en exécration chez les bouddhistes presque à l’égal de celui de Dévadatta, le beau-frère impie du Bouddha, — était partisan de la religion des Bonpos qu’il favorisa de tout son pouvoir et à qui il s’efforça de rendre son ancienne suprématie en persécutant le Bouddhisme. Il interdit à ses sujets l’exercice de cette religion, détruisit les monastères qui s’étaient fondés à l’imitation de celui de Samyé sous les règnes de son grand-père, de son père et de son frère, chassa de leurs asiles les moines et les religieuses, leur imposant sous peine de mort de rentrer dans la vie civile et même de se marier, brûla les livres dont il put s’emparer et dispersa les reliques sacrées. Mais si elle fut violente cette persécution fut de peu de durée, et au moment où il se flattait d’avoir à jamais anéanti le Bouddhisme, Langdarma fut assassiné (902) par un Lama nommé Paldordje[4], déguisé en danseur Bonpo, qui fut béatifié plus tard et dont l’action méritoire est commémorée et retracée chaque année en une pantomime qui clôture les fêtes du premier de l’an. Après un court règne du fils de Langdarma, qui paraît avoir été lui aussi un adepte des Bonpos, sous celui de son petit-fils, Bilamgour, le Bouddhisme regagna le terrain perdu, et, grâce à l’afflux de nouvelles recrues indiennes, commença à prendre le merveilleux essor qui devait le conduire à la souveraineté absolue, temporelle et spirituelle.

Ici s’arrête la période dite Nga-dar « Bouddhisme primitif » et commence celle à laquelle les Tibétains donnent le

  1. Bkah-hgyur.
  2. Bstan-hgyur.
  3. Glang-dar-ma. On le nomme souvent Langdar.
  4. Dpal-rdo-rje.