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l’état religieux, et comme le roi refusait de lui laisser embrasser la vie ascétique, il commit sur des adversaires du Bouddhisme plusieurs meurtres qui le firent condamner au bannissement. Alors qu’il errait dans les forêts hantées et les cimetières afin d’entrer en communication avec les êtres du monde surnaturel, des Dakhinîs[1] l’entraînèrent dans la grotte d’Adjñapâla où elles l’initièrent à la science magique qui donne pouvoir sur les dieux et les démons[2], puis il visita successivement les monastères les plus renommés afin de se perfectionner dans la théologie, la métaphysique, l’exorcisme et les sciences occultes. Averti par sa prescience qu’on avait besoin de lui au Tibet, il se mit en route sans attendre les envoyés de Thisrong Détsan qui le rencontrèrent à mi-chemin et l’amenèrent triomphalement au palais du roi. Déjà, tout le long de la route il avait livré des combats et vaincu par la puissance de ses charmes magiques de nombreux démons qui avaient tenté de l’arrêter, et, aussitôt arrivé, il s’empressa de convoquer sur le mont Magro le ban et l’arrière ban des dieux, des génies et des démons locaux qu’il contraignit à prêter serment de défendre désormais le Bouddhisme, leur promettant en retour une part du culte et des offrandes des fidèles[3].

Tranquille de ce côté, il se livra à la propagande de la Loi bouddhique, partageant la besogne avec Çânta Rakchita qui enseigna la discipline, les dogmes fondamentaux et la philosophie de l’école Mâdhyamika, tandis que lui-même initiait un petit nombre de disciples choisis à la doctrine mystique et aux pratiques magiques des Tantras[4] de l’école Yogâtchâra, dont il fut un des maîtres les plus éminents. En 749 il fonda à environ 40 kilomètres de Lhasa, sur la

  1. Déesses démoniaques.
  2. L. A. Waddell : Lamaism, p. 380.
  3. Sarat Chandra Dâs : Indian Pandits in Tibet (Jour. of the Buddhist text Society of India).
  4. Livres qui constituent la septième section du Kandjour.