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appeler préhistorique sinon mythique, est celle de la fondation très douteuse d’un monastère bouddhique sur le Kailâsa (montagne sacrée où les brâhmanes plaçaient la résidence ou paradis du dieu Çiva) en 137 avant notre ère, monastère qui n’aurait eu, du reste, qu’une très courte existence.

Le Tibet, racontent les Lamas, était plongé dans la barbarie la plus profonde lorsqu’arriva, vers le milieu du Ve siècle av. J.-C., un prince indien nommé Nyahthi-tsanpo (Ngah-K’ri-bTsan-po), — descendant de Çâkyamouni lui-même, selon les uns, fils exilé de Prasénadjit, roi de Koçala, suivant les autres, — qui se fit reconnaître pour roi, introduisit dans le pays le Bouddhisme et les premiers éléments de civilisation, et fut l’ancêtre de la race royale Tibétaine. Cependant sa tentative d’importation du Bouddhisme ne fut pas couronnée de succès et, aussitôt après sa mort, cette religion disparut complètement. Ce qui n’empêche les Tibétains de compter à partir de son règne la période primitive du Bouddhisme à laquelle ils donnent le nom de Ngadar[1].

Pendant le règne de son trente-septième descendant et successeur, Lha Thothori Nyantsan[2], (que l’on prétend avoir été une incarnation du Bouddha Çâkyamouni), en 331 de notre ère, quatre objets d’un usage inconnu tombèrent du ciel sur le toit du palais royal : c’étaient deux mains jointes un geste de prière[3], un petit tchorten[4] ou châsse à reliques, une pierre précieuse sur laquelle était gravée l’invocation mystique « Om ! mani padmé houm ! », et un des livres du canon bouddhique. Un songe, confirmé quarante ans plus tard par le dire de cinq messagers

  1. Sarat Chandra Dâs : Contributions to the religious history of Tibet (Journal of the Asiatic Society of Bengal, 1882, p. 1.
  2. Lha Thó-thó-ri gNyan-btsan.
  3. Symbole assez fréquent chez les Bouddhistes et les Djains.
  4. Mc’od-rten.