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84,000 gomos (traités, en sanscrit Sûtra ou peut-être Âgama) qui constituent leur canon, appelé Sang-ngag-dsong-thad-nyihod-gyam[1].

Les Bonpos, ou du moins certains d’entre eux, admettent le dogme indien de la transmigration des âmes, ou métempsycose, mais en le restreignant, à ce qu’il semble, aux hommes qui, aveuglés par l’avidyā (ignorance), n’ont pas su percevoir la vérité éternelle du Bon-Kou (vacuité, irréalité, vanité, mutabilité des choses du monde composées d’éléments divers et par cela même périssables) et demeurent assujétis à la loi du Karma ou conséquence des actes, tandis que les sages, dégagés des liens terrestres et éclairés par la lumière éclatante du Bon-Kou (analogue à la Bodhi), vont s’absorber et se fondre pour l’éternité dans la pure essence de Çan, immutabilité spirituelle, faite de lumière et de science absolues, qui constitue la nature du corps subtil de l’Être suprême Kountou-Bzangpo[2]. Deux voies parallèles et inséparables conduisent à cet état d’abstraction ou d’absolu, but suprême des Bonpo, le Darçana (volonté active et peut-être l’acte) et le Gom (méditation). Ce dernier, — vraisemblablement imité du Dhyāna des boudhistes, bien qu’il ne comporte que trois degrés, dénommés Thoun-gom, Nang-gom et Lang-gom, au lieu de quatre, — est le seul véritablement efficace, quoiqu’il semble devoir être accompagné ou précédé du Darçana. Nous empruntons à M. Sarat Chandra Dâs l’exposé, assez obscur, de ces trois phases de la méditation : « Le Thoun-gom, est pratiqué par un fidèle initié par un guide spirituel, c’est-à-dire un Lama, en comptant les grains du chapelet et en chantant les vertus du Bonkou. Dans le premier degré de Gom, l’esprit ne doit pas s’absor-

  1. Sarat Chandra Dâs, Journal of the Asiatic society of Bengal, 1881, p. 205.
  2. Sarat Chandra Dâs, l. c.