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Bouddha Çâkyamouni, dont sa biographie fabuleuse reproduit presque littéralement la légende. De race royale, fils de Rgyal-Bouthod-dkar et de P’yirgyal-bçedma, Çenrab-Mibo naquit le 8e jour lunaire du premier mois du printemps, au coucher du soleil. À 31 ans, rassasié de tous les plaisirs du monde, il abandonna ses trois cent trente-six femmes dont l’une était la propre fille de l’empereur de Chine Koung-tseu (?), et embrassa la vie religieuse se livrant aux mortifications les plus rigoureuses jusqu’à ce qu’il eut acquis par la force de ses austérités et de sa méditation la science magique et le pouvoir de faire des miracles. Puis, après avoir prêché jusqu’à 92 ans la religion Bon, à laquelle il convertit douze royaumes sans compter le Tibet et la Chine, le jour de la pleine lune du douzième mois[1], son corps se changea en une masse lumineuse ayant la forme de la lettre tibétaine A, et il disparut sans laisser aucune trace. On assure cependant qu’il se réincarna plus tard en Chine dans la personne du philosophe Lao-Tseu, le patron du Taôisme[2].

La tradition attribue à Çenrab-Mibo l’invention de la prière mystique « Om ! ma-tri-mou-yé-sa-lah-dou », qui remplace chez les Bonpo l’invocation « Om ! Mani padmé houm ! » des bouddhistes et dont les huit syllabes représentent, dit-on, Kountou Bzangpo, sa Çaktî ou principe féminin éternel, les dieux, les génies, les hommes, les animaux, les démons et l’enfer[3], ainsi que de la danse sacrée dite du « démon blanc » (hdre-dkar), des différentes sortes de chapelets correspondant aux degrés de la méditation, des offrandes de boissons alcooliques pour propitier les esprits, et de presque tous les rites nécromantiques relatifs aux funérailles, aux exorcismes et aux moyens de conjurer

  1. La légende ne dit pas de quelle année.
  2. Sarat Chandra Dâs : A brief sketch of the Bon religion ; (Journal of the Buddhist Text society, 1903.
  3. Desgodins : La Mission du Thibet, p. 242.