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Jusqu’en 1792 ces élections furent faites sans aucune immixtion du gouvernement chinois ; mais à partir de cette date, la cour de Pékin, pénétrée de l’importance religieuse et politique de ces grands personnages, a pris soin de ne laisser promouvoir à cette dignité que les fils de personnages dont la loyauté et la fidélité étaient au dessus de tout soupçon, et, de plus, de ne permettre leur intronisation qu’après qu’ils sont pourvus d’un diplôme en due forme délivré par le tribunal des rites et signé de l’empereur ; ce qui en fait tout simplement des fonctionnaires chinois.

Pendant toute la période que nous venons d’exposer, il semble que le Tibet n’ait jamais eu maille à partir qu’avec la Chine. Cette éventualité paraît fort improbable, et le silence gardé sur les démêlés du pays de Bod avec ses autres voisins doit tenir, sans doute, à l’absence de documents historiques tibétains et à ce que les historiens chinois ont ignoré les faits qui s’accomplissaient loin de leur frontière, ou les ont tenus comme de trop minime importance pour les consigner dans leurs Annales, tant que le Tibet a joui de quelque indépendance.

Cependant nous savons qu’en 1772, le Râja du Boutan, prétendant avoir des droits sur le district de Koutch-Béhar, voisin du Bengale, s’empara sans autre forme de procès du territoire qu’il convoitait. Fort malmené par les Anglais qui convoitaient également ce morceau de terre, le Raja appela à son aide son suzerain, le Dalaï-lama, appel qui amena une intervention diplomatique, fort courtoise du reste, du gouvernement tibétain qui reconnut les torts de son vassal et obtint la paix. C’est à la suite de ces négociations que furent tentées les deux ambassades de Bogle, en 1774, et de Turner, en 1783, toutes deux restées du reste sans résultats à cause des obstacles accumulés par la diplomatie chinoise.

En 1791, les Ghorkhas du Népal mus par le désir du pillage envahissent le Boutan et le Tsang et s’avancent, chas-