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l’outillage, qui ne permet pas d’exploiter fructueusement ces mines et réduit le fondeur tibétain à n’utiliser guère que le minerai récolté à fleur de terre, et, d’autre part le manque presque total de combustible, bois ou charbon. L’argol (fumier desséché), qui est à peu près partout le seul combustible, ne donne qu’à grande peine la chaleur intense nécessaire à la fusion des minerais, et, en tout cas, ne permet de produire à la fois qu’une minime quantité de métal ; aussi ne voit-on nulle part d’exploitation métallurgique comparable, même de loin, à nos plus modestes hauts-fourneaux ou forges, et l’on peut admirer qu’avec de si faibles moyens les habitants de ce pays parviennent à produire les divers métaux usuels en quantité suffisante pour leurs besoins.

L’or, et surtout l’argent, relativement très abondants, font l’objet d’une grande consommation en raison de la passion immodérée de la population pour les bijoux et ornements de toutes sortes. Bijoutiers et orfèvres sont fort habiles, et certaines de leurs œuvres, quoique généralement un peu lourdes d’aspect, sont réellement remarquables d’exécution, surtout en ce qui concerne la ciselure et la gravure. Mais où ils se surpassent, c’est dans la confection des vases, plateaux, burettes, buires, et autres objets destinés au culte. Très souvent leurs bijoux et ustensiles sacrés sont enrichis de pierres : rubis, turquoises, améthystes, jade que l’on trouve dans le pays et surtout le corail qu’ils apprécient fort et font venir de l’Inde ou de la Chine ; mais, à nos yeux d’Européens, ce surcroît d’ornementation ne fait que surcharger, sans les embellir, les pièces auxquelles on l’applique ; car le Tibétain est mauvais lapidaire. Il ne sait pas tailler les pierres, se contente de les polir et de les arrondir en forme d’olives, ne les estimant guère qu’à proportion de leur dimension.

Le cuivre se trouve à l’état natif et en pyrites au Tibet, et l’on est arrivé à le travailler avec une rare perfection. Plu-