Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il est moelleux parce que la laine de Tartarie est singulièrement fine et d’une excellente qualité. Cette étoffe est si souple et si chaude que presque tous les prêtres du Tibet et du Boutan s’en servent pour faire la veste courte qu’ils portent sur la peau. Ceux qui en ont le moyen en font aussi leur vêtement d’hiver[1]. » Ce drap est non seulement souple et chaud, mais aussi d’une grande solidité. Il se teint très bien, et celui qu’on emploie pour les vêtements d’hommes est de préférence rouge, violet, vert et bleu, et toujours de couleur unie ; la nuance la plus recherchée est un rouge violeté, ressemblant assez à la pourpre des anciens. Les femmes, elles aussi, ont adopté la même étoffe ; seulement, celle qui leur est destinée est ornée de fleurettes imprimées ou de rayures multicolores tissées dans le sens de la largeur[2]. Lhasa, la province de Tsang, et Gyamda, dans la province de Khams, sont les principaux centres de cette fabrication.

Enfin, avec les laines de toute première qualité, peut-être même avec le poil duveteux de la célèbre chèvre dite du Tibet, on tisse une autre sorte d’étoffe, mince et souple, appelée tirma[3], qui sert à faire les vêtements de dessous des gens riches, hommes et femmes, les manteaux de cérémonie, lagoi (bla-gos), des lamas et les fines écharpes de toutes couleurs par lesquelles les élégants remplacent la ceinture de cuir traditionnelle.

Le poil dur et sec de la chèvre commune et du yak est utilisé pour fabriquer un tissu grossier, de très faible valeur, que l’on emploie à faire les tentes et des sacs. On en fait aussi, ainsi que du crin des bœufs et vaches, des feutres grossiers qui servent de toiles de tentes et de tapis. Les feutres fins, faits avec de la laine de brebis, sont

  1. S. Turner, Ambassade, t. I, p. 338.
  2. Desgodins, Mission, p. 285.
  3. D’après l’abbé Desgodins (Mission, p. 286) et WW. Rockhill (Report of the U. S. Nat. Museum 1893, p. 699).