sont des plus simples. C’est le fuseau classique — jadis tant en honneur dans nos campagnes — moins le rouet, et le métier à tisser du modèle le plus primitif. Suivant la nature des laines employées, on obtient des étoffes de trois types différents. La qualité la plus grossière, appelée la-oua[1], est une sorte de droguet bourru (on ne rase pas les draps au Tibet), large seulement de 20 à 25 centimètres, et qui se vend habituellement sans teinture avec sa couleur blanche naturelle. On la teint également en rouge garance et en bleu indigo. La pièce a, en général, de 10 à 12 mètres de longueur, aunage nécessaire pour la confection d’un vêtement[2]. Une grande partie de ces étoffes, dont le prix est très minime, sont tissées par les femmes des pasteurs.
Avec la belle laine fine et soyeuse on fabrique une autre étoffe beaucoup plus recherchée, qu’on appelle p’rouh (p’roug)[3], tchrou[4], trouk et poulou[5] « Ce drap, dit Turner, n’a guère qu’une demi-aune (30 centimètres) de large, et il n’y en a que de deux couleurs, c’est-à-dire du brun foncé et du blanc[6]. Il est d’un tissu très serré et très fort, et cependant
- ↑ Desgodins, Mission, p. 284. — C’est probablement la même qualité d’étoffe que Klaproth appelle camelot et que Turner signale, sans la nommer, comme étant fabriquée dans les manufactures de la vallée de Jhanseu (Ambassade, t. I, p. 338).
- ↑ Desgodins, Mission, p. 284.
- ↑ Klaproth, Description du Tubet ; Nouveau journal Asiatique, IV.
- ↑ Desgodins, Mission, p. 285.
- ↑ Huc, Voyage, t. II, p. 260. — Pou-lou est le nom chinois de ce drap.
- ↑ Il est évident qu’il s’agit ici de la nuance de la laine brute et non d’une teinture.
que les femmes, sont loin pourtant de passer leur vie dans l’oisiveté. Ils s’occupent spécialement de la filature et du tissage des laines. » W. W. Rockhill (l. c. p. 682) affirme que les femmes et les hommes se livrent également à la filature et au tissage. N’ayant pu trouver d’autres renseignements qui nous permettent de prononcer entre nos trois auteurs, et convaincu que chacun a fidèlement rapporté ce qu’il a vu ou appris dans la partie du Tibet qu’il a visitée, nous avons cru rationnel de conclure que, là comme en bien d’autres lieux, l’industrie du tissage devait être commune aux deux sexes.