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premiers jours de septembre. La moisson se fait à la faucille, comme encore aujourd’hui dans certaines parties de l’Europe ; seulement, au lieu de trancher la tige le plus près possible du sol, le moissonneur tibétain la coupe presque au ras de l’épi, en laissant sur pied toute la paille, destinée à servir d’engrais pour la récolte suivante. Dans certaines localités, au lieu de moissonner à la faucille, on arrache tiges et racines, que l’on dispose en petites bottes et que l’on dresse pour les faire sécher[1].

Pour séparer le grain de l’épi, on procède ordinairement par le battage au fléau. Le fléau tibétain est de la même forme que celui en usage en Europe, à la seule différence près que c’est le bâton le plus long et le plus mince qui frappe les gerbes et le plus court qui est tenu à la main ; quelquefois aussi le fléau est triple de sorte que deux bâtons frappent à la fois les épis[2]. Le battage du grain est le plus souvent l’ouvrage des femmes. Dans les grandes exploitations, lorsqu’on veut se dispenser de transporter les épis à la ferme, on dispose les gerbes sur une aire circulaire de terre bien battue et égalisée, et on les fait fouler par des bœufs[3]. D’autres fois encore, on emploie une méthode aussi singulière que peu rapide, qui nous paraît ne pouvoir servir que dans les contrées où les récoltes sont très peu abondantes : une natte est étendue par terre à côté d’une grosse pierre et d’un brasier allumé ; les batteurs ou batteuses, assis autour de la pierre, prennent une poignée d’épis, mettent le feu aux barbes et font tomber le grain sur la natte en frappant les épis contre la pierre[4]. Enfin, le grain battu est soigneusement vanné, dans un van fait de bambou tressé, pour le débarrasser de la poussière, des

  1. S. Turner, Ambassade, t. I, p. 330.
  2. Id., id., t. I, p. 270.
  3. Id., t. II, p. 151. — Notre auteur dit même que c’est la méthode le plus généralement employée.
  4. Id., Id., t. I, p. 277.