taines provinces, notamment le Khams oriental, Ngari et le Boutan, sont renommés sous ce rapport et produisent assez abondamment des noix, des pommes, des poires, dont il se fait séchées une grande consommation, et des abricots. Ce dernier fruit est particulièrement apprécié des Tibétains qui parviennent à l’acclimater jusqu’à l’altitude de plus de 3,000 mètres, et, si nous en croyons Schlagintweit[1], sa culture est le seul travail manuel auquel daignent s’assujétir les lamas fainéants du Ngari. Dans quelques endroits spécialement bien situés, à Lhasa, Djaya et Bathang, par exemple, on peut voir mûrir le raisin, la pêche, la figue et même la grenade. Toutefois les indigènes ignorent, paraît-il, l’art de tailler et de greffer les arbres fruitiers, et les méthodes d’arboriculture usitées dans les contrées de l’Europe réputées pour l’abondance et la qualité de leurs produits. Le fruit se mange frais et de préférence séché ; cependant, sur certains points, et notamment à Bathang, on fait avec le raisin — qui y est cultivé en vigne haute courant sur des espaliers établis au milieu des champs au moyen de perches reliées entre elles — un vin blanc, quelquefois d’un rouge léger, assez recherché dans le pays d’origine et les environs.
S’ils sont de mauvais jardiniers, la nécessité, maîtresse exigeante, a fait des Tibétains d’excellents laboureurs, ne marchandant pas les peines souvent exagérées que leur coûtent les maigres moissons qu’ils parviennent à récolter sous leur ciel inclément. Ainsi que nous l’avons déjà dit, quatre espèces d’orge, et surtout la grise, appelée né, constituent le principal rendement de l’agriculture tibétaine. Le froment, qui exige un climat plus tempéré, ne vient à bien que dans les vallées profondes, et encore sèche-t-il souvent en herbe, sous l’action des vents si fréquents dans cette contrée, ou bien des froids précoces l’empêchent de mûrir ; aussi n’entre-t-il dans l’alimentation générale que comme
- ↑ Le Bouddhisme au Tibet ; Annales du Musée Guimet, t. III, p. 105.