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avant le verbe, qui est généralement rejeté à la fin de la proposition[1].

D’après ces quelques indications, on voit que le tibétain est loin de compter parmi les langues faciles ; mais ce qui fait plus encore la véritable difficulté de son étude, c’est, d’une part, la dissemblance qui existe entre la langue vulgaire et la langue savante, et, de l’autre, les différences considérables qui séparent la langue parlée de la langue écrite, différences qui tiennent en grande partie à la présence dans les mots de ces consonnes muettes, indispensables pour les distinguer les uns des autres, que l’usage seul peut apprendre à reconnaître, et surtout aux anomalies de prononciation qu’aucune règle précise ne réglemente et qui varient de province à province de façon à rendre impossible de retrouver le mot écrit dans celui qui est articulé. Ainsi le son qui s’écrit :

kya se prononce tya,
gya dya ou dja,
pya et bya cha ou tcha,
p’ya tch’a,
a et i é devant un s,
ai et éi é.

Il est probable que ces difficultés de prononciation et d’orthograpbe. insurmontables sans beaucoup de travail, contribuent pour beaucoup au peu de diffusion et à l’insuffisance de l’instruction dans la masse de la population.

On peut dire, d’une façon générale, que chaque grande famille de langues est caractérisée par la direction de son écriture ; les idiomes sémitiques s’écrivent de droite à gauche, les idiomes mongols de haut en bas et de droite à

  1. Ne pouvant nous étendre autant qu’il serait nécessaire sur ces questions de grammaire, nous renvoyons le lecteur à la Grammaire de la langue Tibétaine de M. Foucaux (Paris, 1858, in-8o).